Lorsque l’on parle de transdisciplinarité, on pense souvent en premier lieu aux liens entre le cirque, la danse, la musique et le théâtre (sur lesquels nous reviendrons plus tard dans d’autres actualités) ; mais il est également possible de voir des liens se créer entre cirque et cinéma.

Des grands noms du cinéma muet font leur cirque

Et qui de mieux placé pour faire un premier lien entre cirque et cinéma que Charlie Chaplin ? Véritable incarnation du clown dans son côté burlesque, on peut y voir l’auguste, le pitre comique, tandis que Buster Keaton nous fait penser au clown blanc, d’apparence plus sérieuse. C’est l’art de la pantomime, notamment, qui rappelle ce lien avec le cirque au travers du jeu gestuel, corporel.

Pour ce qui est de Charlie Chaplin, le dossier pédagogique Chaplin’s World permet d’en savoir un peu plus sur sa vie. De plus, il présente l’exposition du même nom située en Suisse, au Manoir de Ban (dernier lieu de résidence de Chaplin). Cette exposition rassemble trois lieux : le studio, le manoir et le parc. Ce dossier peut donner des idées de lien possible à faire entre le cinéma de Charlie Chaplin et le cirque : la pantomime et le personnage de Charlot par exemple.

Plus précisément, Charlie Chaplin a réalisé un film intitulé Le cirque. Ce film est présenté dans le dossier LE CIRQUE de Charlie Chaplin rédigé par Emilie Gerin (CPD Arts visuels) en septembre 2015. On y trouve un résumé, des propositions d’utilisation de ce film dans les différentes matières scolaires ainsi que des activités avant et après visionnage.
Ce film peut être utilisé pour découvrir les représentations du cirque traditionnel et observer la figure du clown au travers de Charlie Chaplin. Il serait également intéressant d’analyser et de comparer le cirque traditionnel et le cirque contemporain (voire d’imaginer une activité de réalisation d’un film sur le cirque contemporain : qu’est-ce qui changerait par rapport au film de Chaplin ?).

Le cinéma de Chaplin, bien que dans une esthétique burlesque, est aussi emprunt de messages politiques, le réalisateur est donc engagé. Et en cela, les spectacles de cirque contemporain rejoignent cette volonté. Pour donner un exemple : La Conf’ ou comment on est allé là-bas pour aller ici ? de la Cie La Sensitive est interprétée par Mélinda Mouslim et par Sylvain Decure, clown de son état. Ce spectacle transmet un message fort sur notre humanité et sur nos comportements sociaux qui semblent parfois absurdes, message porté par le jeu clownesque et le décalage burlesque entre les personnages (entre eux et avec le public).

Des films qui représentent le cirque ?

ARTE, dans son émission Blow Up, présente plusieurs films (anciens et récents) sur le cirque. Cependant, ces films ne représentent que le cirque traditionnel et itinérant, c’est-à-dire avec des numéros spectaculaires qui s’enchaînent sans continuité et qui comptent bien souvent des animaux. Cette tradition peut se retrouver dans le cirque contemporain, les animaux en moins, mais ces films n’en sont pas vraiment représentatifs.
D’ailleurs, les animaux sauvages seront interdits dès 2028, selon la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale. S’inspirant toutefois des ménageries que l’on peut voir représentées dans de nombreux films, des artistes de cirque contemporain deviennent eux-mêmes des animaux de foire comme dans Les Fauves de la compagnie Ea Eo.

Ces films peuvent cependant être le support d’une analyse d’images mais également d’une comparaison entre cirque traditionnel et cirque contemporain, en étudiant leurs caractéristiques communes et leurs différences.

Cirque au cinéma et cinéma au cirque

Vous l’avez compris, le cirque influence le cinéma dans son imagerie et ses personnages. Mais le cinéma influence également le cirque ! En effet, les premiers films tels ceux de Georges Méliès ont été diffusés dans des cirques itinérants et des foires. Et les circassien·ne·s se sont emparés de la vidéo (et donc du cinéma) pour filmer leurs numéros, dont certains peuvent être retrouvés sur le site de l’INA (Institut national de l’audiovisuel), comme ce numéro du funambule Philippe Petit. Ces numéros peuvent être utilisés dans le cadre d’une comparaison entre le cirque traditionnel et le cirque contemporain.

Le monde forain a donc accueilli le monde du cinéma et l’a promu en diffusant les premiers films. Cet “esprit forain”, on le retrouve dans plusieurs spectacles de cirque contemporain tels que ceux de Jeanne Mordoj – Compagnie BAL (Éloge du poil, Foraine), chez la compagnie Cirque Trottola (Campana) ou encore dans la prochaine création de Anna Tauber, Suzanne, une histoire (du cirque) où l’on retrouve d’ailleurs le fait de filmer un numéro ! Dans ce spectacle, Anna Tauber explore le passé de Suzanne Marcaillou, ancienne voltigeuse au cadre aérien. Cette démarche a également guidé Sébastien Le Guen – Lonely Circus – dans L’Enquête, où l’artiste déroule la vie de Pierre Bonvallet (dit Punch), clown blanc.

Conclusion

Finalement, cirque et cinéma sont fortement liés : par leur histoire respective et mêlée mais également par l’influence qu’ils ont exercée et exercent toujours l’un sur l’autre.

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